L’éducation est considérée comme un élément essentiel dans le développement d’une Europe intelligente, durable et inclusive. Par ailleurs, l’éducation a un rôle important à jouer dans l’identification des signes précoces de vulnérabilité et dans la lutte contre les inégalités par une intervention précoce et un soutien continu des enfants et des jeunes vulnérables[1]. Toutefois, les politiques éducatives seules ne sont pas suffisantes pour régler le handicap éducatif subi par certains par rapport à leurs pairs. Il existe une combinaison de facteurs personnels, sociaux, culturels et économiques qui peuvent limiter les opportunités éducatives. Les approches interdisciplinaires sont par conséquent importantes pour associer les politiques d’éducation et de formation avec les politiques liées, entre autres, à l’emploi, l’économie, l’inclusion sociale, la jeunesse, la santé, la justice, le logement et les services sociaux. Ces politiques devraient également être conçues pour corriger les déséquilibres régionaux en matière d’éducation et de formation[2].
La répartition des politiques publiques dans des domaines d’intervention spécifiques comme l’éducation, la santé, la sécurité sociale, etc. assure un soutien spécialisé et ciblé. Toutefois, le manque de coordination et de synergies entre ces politiques et, par conséquent, les réponses segmentées qu’elles apportent peuvent empêcher une prise de conscience des désavantages multiples et croissants auxquels certains enfants et leurs familles sont confrontés. Dès lors, cette répartition promeut une responsabilité fragmentée et conduit à un traitement inefficace de la question, en couvrant seulement un segment particulier de celle-ci sans assurer une approche plus large et une continuité. Des signes indiquent que des approches multifacettes coordonnées, bien que difficiles pour les décideurs politiques, peuvent constituer la meilleure solution pour prévenir ou réduire l’impact des handicaps multiples et cumulés sur l’expérience scolaire, les compétences, l’employabilité et les chances de réussite des personnes[1][3]. Centrer une telle réponse multifacette à la vulnérabilité sur et autour des écoles, le seul service universel où le bien-être des enfants et des jeunes peut être régulièrement contrôlé, semble être une étape avisée vers la réalisation d’une inclusion active universelle[4].
Repenser l’éducation (2012) et autres initiatives de la Commission européenne[5] ont reconnu la nécessité d’une action politique conjointe contre le handicap éducatif. La recommandation de 2013 Investir dans l’enfance pour briser le cercle vicieux de l’inégalité appelle à une approche holistique et une action multidimensionnelle contre l’inégalité et l’exclusion[6]. La vulnérabilité accrue en raison de la crise économique et de la crise des migrants persistantes rend cette question urgente. Ces approches coordonnées et multifacettes ne requièrent pas nécessairement des ressources supplémentaires, mais impliquent plutôt que les ressources existantes soient utilisées d’une manière différente, plus efficace. Les approches interdisciplinaires impliquent de passer du ciblage des problèmes déjà apparus à des programmes de prévention et des interventions précoces, ainsi que d’évoluer d’une action fragmentée menée par des acteurs distincts vers des réponses coordonnées et donc plus efficaces et plus intelligentes, ce qui est particulièrement pertinent dans un contexte où les ressources sont rares[1]. Le travail des écoles dans la lutte contre la vulnérabilité devrait faire partie de stratégies plus larges pour l’égalité et l’inclusion.